Tous les cinémas n’ont pas la même visée, s’ils en ont une, lorsqu’ils prennent l’affiche. Certains fascinent la critique, mais désintéressent le public, ou inversement. Il arrive également que de l’accord des deux surgisse une success-story, voire un fait socioculturel. D’autres spectacles, encore, expriment une véritable collision. C’est le cas du film « Orange mécanique » de Stanley Kubrick.
Orange mécanique, le film
Orange mécanique (de l’anglais « A Clockwork Orange », dans son édition originale de 1962) est un cinéma britannico-américain sorti sur les écrans en 1971. Le film est écrit et réalisé par Stanley Kubrick. Tiré du roman d’Anthony Burgess, il est classé parmi les cinémas d’anticipation, mais peut autant se voir comme une épigramme de la société contemporaine. Ici, c’est la représentation d’une ville citadine où les jeunes ont pris le pouvoir qui est présentée au public. Le cinéma est un peu avant-gardiste, psychologique, avec un côté cocasse et quelquefois émouvant. Le réalisateur y semble notamment avantager l’atmosphère insalubre et belliqueuse qui se dégage ainsi que le côté inconscient, plutôt que la brutalité graphique. Alex DeLarge, un sociopathe intéressé par l’« ultraviolence », la musique classique et le viol, est à la tête d’un petit groupe de voyous (Dim, Georgie et Pete) qu’il nomme ses « droogies » (provenant du slave « drug » qui veut dire « camarade » ou « ami »). Le cinéma est la chronique de l’opération scélérate du gang, puis de l’expérimentation de défense d’Alex par un conditionnement psychique controversé. Alex raconte à la première personne l’action du cinéma dans le dialecte nadsat, un argot anglo-russe.
Les origines du film
C’est en 1944 que débute l’histoire dramatique de « Orange mécanique » lorsqu’une femme appelée Lynne est outragée et assaillie par quatre G.I.s rebelles. Son époux, l’auteur britannique Anthony Burgess, s’incite par cette tragédie pour écrire « L’Orange mécanique », de son titre original « A Clockwork Orange ». Le livre est sorti en 1962 et rencontre aussitôt un véritable succès. Anthony Burgess écrit une chronique d’anticipation sur le cynisme de la jeunesse et la violence dans la jeunesse dans une société future. Selon l’auteur lui-même, le titre découle d’une vieille locution de la classe ouvrière populaire « He's as queer as a clockwork orange », traduit littéralement en français « Il est excentrique comme une orange mécanique », en vue de dévoiler quelqu’un de très bizarre, voire déstabilisé.
Ce qui a intéressé Stanley Kubrick dans le roman d’Anthony Burgess
La folie évoquée dans l’œuvre « L’Orange mécanique » d’Anthony Burgess a beaucoup intéressé Stanley Kubrick et ce, dès 1969. Le cinéaste Américain, venant de recevoir un Oscar pour « 2001, l’Odyssée de l’espace », a en effet lu le livre de Burgess et en était envoûté. C’est ainsi qu’il a décidé de se lancer immédiatement dans l’écriture d’un scénario. Il le termine en janvier 1970. C’est la première fois qu’il œuvre seul sur un arrangement, une tâche qu’il juge aisée, étant donné qu’il est vain à ses yeux d’additionner ou de supprimer quoi que ce soit à la chronique. Portant donc le titre de « Orange mécanique » dans sa version française, le film est diffusé au grand public en 1971 et fait aussitôt scandale. Mais sans ce cinéma phare, le 7e art n’aurait pas été tout à fait le même.